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Les lépidoptères à Paris

Noctuidae Noctuinae

Caradrina kadenii Frr ( = Platyperigea kadenii)

La Caradrine rouillée

Nourriture de la chenille : Polyphage sur plantes basses


Références : Id TAXREF : n°781884 / Guide Robineau (2007) : n°1137

Caradrina kadenii Frr adulte - ©Philippe Mothiron
La Cresse (Aveyron), 450 m, 19 octobre 2013. Photo Philippe Mothiron

Etat carte : à actualiser

Voir texte ci-dessous

A propos des cartes


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Répartition française : Originellement midi de la France, mais depuis quelques années a progressé vers le nord et se rencontre actuellement jusqu'en Belgique.

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Comment le reconnaître ?

La Caradrine rouillée est une petite Noctuelle grisâtre de taille modeste (généralement 27 à 28 mm d'envergure ). De nombreuses espèces françaises (genres Caradrina, Hoplodrina...) présentent cet aspect général, et notamment dans les contrées méridionales. Cependant un critère permet d'éliminer rapidement de nombreuses prétendantes à la détermination : il suffit d'examiner la tache réniforme des antérieures : celle-ci est fortement marquée de brun, parfois mêlé de roussâtre, sur toute son étendue .

Ce caractère n'est cependant pas suffisant à assurer une détermination certaine, mais la probabilité est déjà grande d'avoir affaire à un Caradrina kadenii, car c'est l'espèce la plus répandue répondant à ce signalement. Mais il ne faut pas occulter une autre possibilité, correspondant à une espèce localisée en climat méditerranéen : la Caradine maculée, Caradrina proxima.

Cette dernière espèce est vraiment très proche, de telle sorte que pour acquérir des certitudes, il est pratiquement nécessaire de recourir à la dissection des pièces génitales (lesquelles sont assez différentes). On notera tout de même que la Caradrine maculée présente aux antérieures, de façon assez constante, une couleur de fond d'un gris plus clair, et généralement moins de dessins. Par ailleurs, aux ailes postérieures, la bordure marginale est soulignée de gris-brun, en une fine doublure s'épaississant régulièrement vers l'apex. Au contraire, chez notre Caradrina kadenii, la bordure marginale des postérieures n'est pratiquement pas surlignée, ou alors seulement d'un chapelet intermittent de tirets ou de macules . Malheureusement ce caractère n'est pas visible sur les photos in natura, ni sur les exemplaires naturalisés trop défraîchis. Mais insistons sur le fait que la question ne se pose qu'en milieu méditerranéen.

On se méfiera également des confusions avec deux autres espèces : la Caradrine aspergée (Caradrina aspersa), commune dans le Midi, mais dont la tache réniforme n'est pas recouverte de brun sur toute sa hauteur, et la Caradrine de la Scrophulaire (Caradrina fuscicornis), espèce du littoral méditerranéen nettement plus blanchâtre, et dont la réniforme est généralement moins marquée (souvent évidée).

Les femelles diffèrent des mâles par un abdomen plus volumineux et des ailes postérieures un peu plus enfumées.

Où, quand, comment le rencontrer ?

La Caradrine rouillée peut aujourd'hui être observée sur pratiquement tout le territoire national. A ceux auquel le mot "aujourd'hui" pourra paraître incongru, il convient de préciser qu'en 2000, l'espèce n'était connue qu'au sud de la Loire. Depuis lors, elle a été signalée pour la première fois de nombreuses régions. Par exemple, la première mention en Ile-de-France date de 2002 (même si une observation pionnière de 1998 a été retrouvée postérieurement). L'expanson a été massive puisqu'en automne 2004, pas moins de 55 exemplaires ont été comptabilisées dans un seul jardin des Yvelines ! Le phénomène a également été observé dans les pays voisins : cette Noctuelle a été ajoutée à la faune du Royaume-Uni (2002), et plus récemment de la Belgique. Lorsqu'on analyse la répartition plus générale de l'espèce, il semble qu'elle soit déterminée essentiellement par des facteurs thermiques (l'espèce fuit les zones trop froides, mais aussi les zones trop chaudes) et il est donc tentant de conclure que la remontée de sa limite nord coïncide avec un réchauffement du climat. Une dizaine d'autres espèces ont d'ailleurs montré le même comportement d'expansion vers le nord sur la même période.

Cette espèce vole en deux générations : mai-juin puis septembre-octobre. Toutefois l'écrasante majorité des observations a été réalisée en automne . Il semble donc que la première génération soit peu abondante (plus forte mortalité des stades hibernants ?).

Une forte proportion des citations provient de milieux urbanisés , surtout dans la partie nord de son aire fraîchement conquise. Ceci illustre assez bien le caractère thermophile de l'espèce : les milieux urbains, micro-climats plus chauds, sont autant d'habitats favorables qui lui servent de relais de colonisation dans son avancée vers le nord.

L'activité de l'espèce est nocturne. Elle est attirée par les lumières, mais compte-tenu de son habitat souvent urbain, l'attraction lumineuse n'est pas toujours très productive dans ses biotopes. La miellée peut donner quelque résultat. Mais la méthode la plus efficace reste l'examen des fleurs de lierre , que les papillons butinent assidûment dès le crépuscule.

Premiers états

La chenille, figurée par Beck (2000, ref. B405) est gris clair, avec une tête noire. Des petites taches blanches sont visibles le long de la ligne dorsale, de même qu'une ligne latéro-dorsale de macules plus foncées.

Elle se nourrit de diverses herbacées. Le stade hibernant est probablement la chenille.

Est-il menacé ?

Aucun danger ne semble peser sur cette espèce . Bien au contraire, elle fait preuve d'une très bonne capacité d'adaptation et semble favorisée par les activités humaines et le réchauffement climatique.